La preuve, il a bossé sur la Princesse Kaguya.
Et c’était un peu la folie, d’ailleurs.
Si dans mon billet précédent, j’ai évoqué un jeune animateur, dont les débuts remontent à 2003 – 2004, à côté, Hashimoto fait figure de vieux briscard, puisque cela fait bientôt 30 ans qu’il travaille dans l’animation.
En 1987, alors qu’il est âgé de 20 ans, il va avoir son premier poste d’animateur clé, sur les épisodes 10 et 16 de la série City Hunter. On le retrouve, la même année et au même poste, sur l’épisode 11 de Kimagure Orange Road.
Toujours en 1987, il travaille sur l’OVA The Samurai, inconnue au bataillon, mais qu’il me semble intéressante d’évoquer, puisqu’il s’agit de la première d’une longue série : Hashimoto a, en effet, beaucoup travaillé sur des OVA (Dirty Pair, Patlabor, Gunbuster, entre autres, à la fin des années 1980).
En 1988, il fait partie des animateurs clés du film Akira. Ce genre d’expérience doit être assez formatrice, je pense.
Passons très vite sur une partie des années 1990, où il multiplie les postes d’animateur clé sur des OVA, et allons directement en 1998 et 1999.
Pourquoi ces deux années ? Tout simplement parce qu’il va y travailler sur deux films de qualité et s’assurer en même temps quelques futurs boulots :
- en 1998, il est animateur clé sur le film Perfect Blue, de Satoshi Kon. À part Millenium Actress, en 2001, il retrouvera ce poste sur toutes les œuvres de Satoshi Kon qui suivront (Tokyo Godfathers, Paprika, Paranoïa Agent 10 et 12) ;
Perfect Blue (pour la scène dans sa version, cf. la vidéo qui suit le prochain gif).
Perfect Blue
Paranoïa Agent
- en 1999, il travaille sur Mes voisins les Yamada, le film d’un autre grand homme : Isao Takahata himself. Takahata, qui le rappellera quelques années plus tard…
Au début des années 2000, il va travailler, toujours comme animateur clé, sur Sci-fi Harry, les films Metropolis et Ghost in the Shell: Innocence, ainsi que sur FLCL ou pour Ghibli, avec le Voyage de Chihiro, le court-métrage La Chasse à la baleine (signé Miyazaki, sur un chara-design de Yuasa, mais, hélas, réservé aux visiteurs du musée Ghibli), le second épisode de Ghiblies et, plus tard (en 2006), les Contes de Terremer.
(Cette liste est, bien sûr, non exhaustive, pour plus de détails, reportez-vous à la fin de ce billet.)
Metropolis
Ghost in the Shell 2 : Innocence
Ghiblies
Il fait aussi un crochet du côté du studio 4°C, à l’époque où le studio est encore inventif et est la garantie d’une certaine originalité graphique : il y travaille sur Amer Béton, sur deux vidéos du projet Animatrix, dont une, Kid’s Story, pour laquelle il sera, non seulement animateur clé, mais aussi directeur de l’animation et character designer.
Il est aussi responsable des décors et animateur clé sur Wanwa the Doggie, le plus fou, visuellement parlant, des courts-métrages du projet Genius Party Beyond.
Genius Party Beyond – Wanwa the Doggie
En 2004, il fait même une incursion dans l’univers des séries TV, dans lequel il évolue peu, avec un très beau cut dans l’épisode final de Samurai Champloo.
Paradoxalement, malgré son talent, Hashimoto décolle peu de son post d’animateur clé :
- en 1999, il offre un beau travail en solo, avec le très bon opening de la série Kachou Ouji, un générique qu’il réalise, en plus d’être responsable de sa direction d’animation, de son story-board et de son animation clé ;
- en 2003, il s’occupe de Kid’s Story (cf. le paragraphe sur 4°C) ;
- en 2011 il est directeur de l’animation du film Onigamiden (La légende du dragon millénaire, en français), un film apparemment médiocre, mais qui ne pèche cependant pas par sa technique.
Et c’est tout. Le reste du temps, il est animateur clé.
Et puis, en 2013 – 2014, il travaille de nouveau avec Takahata, sur le film le Conte de la princesse Kaguya. Il y assiste le réalisateur pour la production du story-board et il y est également animateur.
Bref, vous commencez à comprendre, je pense, où je veux en venir.
L’animation de folie de ce film, c’est lui, en bonne partie. La scène où Kaguya s’enfuit de son palais, c’est lui.
Autrement dit, cet homme est à l’origine d’une des plus belles débauches d’animation de ces dernières années. Car il faut l’avouer : il y a la belle animation, et il y a le Conte de la princesse Kaguya, qui joue dans sa propre catégorie.
Non, vraiment, cet animateur est un génie.
Si vous n’avez pas vu ce film au cinéma, vous avez raté quelque chose, sérieusement.
Ajoutez-y qu’il a aussi travaillé, comme animateur clé, toujours, sur le meilleur opening de l’année 2014, celui de Ping Pong, et vous comprendrez peut-être en quoi cet homme est plus qu’admirable.
Bon, il a aussi dû bosser sur des épisodes de Blade and Soul, mais il faut bien que les animateurs paient leur loyer, eux aussi. Et même sur une série aussi mauvaise que ça, il s’est démerdé pour placer des sakuga. Professionnel jusqu’au bout.
Quand on voit la qualité de son travail, de ses cuts, qui peuvent facilement durer 30 secondes, voire, parfois, près d’une minute, et surtout, quand on voit Kaguya, on comprend, du moins, je l’espère, en quoi cet homme est vraiment un grand animateur.
Il est déjà connu dans le milieu, a eu l’occasion de travailler sur de grands films, mais j’espère vraiment le revoir par la suite et si c’est sur un poste de directeur de l’animation, ça sera encore mieux. Surtout s’il nous amène des œuvres d’une aussi bonne qualité que ce qu’il a pu produire jusqu’à maintenant.
Liste des boulots de monsieur Hashimoto sur @wiki.
Pages qui lui sont consacrées sur sakugabooru.
Allez, je vous remets un coup de Maromi (Paranoïa Agent), pour la peine.
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